Du béton à la pâture
Du béton à la pâture
À la fin des années 80, fraîchement émoulu du lycée agricole, les choses étaient simples pour Jean-Luc Villain : pour être le plus productif possible, il faut acheter des vaches laitières Prim’Holstein (1), les conduire dans des bâtiments, et leur donner de l’ensilage de maïs et des tourteaux de soja (pour les protéines). Et aussi défricher les haies qui gênent la culture du maïs.
En peu de temps, il réussit à pousser ses vaches à produire un maximum. L’une d’elles arrive à 60 litres par jour. Et cela pendant plusieurs mois, ce qui est exceptionnel.
Un jour, il la retrouve écroulée, morte. Par la suite, Jean-Luc a l’occasion de rencontrer des éleveurs laitiers sur prairies, et constate avec surprise qu’ils gagnent bien leur vie.
En 1991, des pluies lessivent entièrement l’une de ses plus grandes parcelles, dénudée et faute de haies pour la contenir. Un autre jour, après avoir traité au lindane (2) pour tuer les taupins, il retrouve le lendemain tous les vers de terre morts, couvrant son champ.
Enfin, il se retrouve malade après avoir à peine touché un pesticide qu’il préparait… C’en est trop, il se décide à travailler autrement.
En 1992, avec l’aide d’une technicienne, il expérimente un mélange de céréales, cultivées sans engrais, et constate un rendement aussi bon qu’avec le maïs.
Parallèlement, il met ses vaches en pâture et replante des haies. L’année suivante, les revenus de Jean-Luc ont doublé, et il a gagné en autonomie sur le plan alimentaire.
Progressivement, sans en prendre conscience, il s’est mis sur la voie de l’agroécologie. En 2002, il obtient la certification « Agriculture biologique ».
(1) La race laitière Prim’Holstein, spécialisée dans la production de lait, est la race dominante en France
(2) le lindane est interdit en agriculture depuis 1998